Page:Nichault - Anatole.djvu/266

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noncer. À son aspect il la vit rougir, et il s’excusa de venir ainsi la troubler.

— Je le vois, dit-il, ma présence vous importune ; c’est l’effet que produit communément celle d’un ami qui n’inspire plus de confiance ; mais tranquillisez-vous : je ne viens pas questionner votre cœur, ni vous parler des sentiments que je lui suppose ; j’avais prévu ce que vous cherchez à dissimuler, et je suis bien loin de le blâmer. Tout ce que je vous demande, c’est de m’aider à rappeler la raison d’un insensé qui est au moins digne de votre pitié.

Puis s’apercevant que Valentine hésitait à répondre, le commandeur ajouta :

— Anatole sait que vous demeurez ici et dans sa résolution de n’y point venir, il me supplie de lui permettre de vous écrire. Comme je me rends à l’instant même chez lui pour le lui défendre par toute l’autorité de mon amitié, j’ai cru devoir vous en prévenir, et vous supplier de vous prêter au moyen très-innocent dont je viens de convenir avec sa mère, pour le ramener à des sentiments plus raisonnables.

— Et, quel est ce moyen demanda Valentine ?

— Mais en pareil cas, celui qui ôte toute espérance, me semble le meilleur. La passion d’Anatole est arrivée à un point qui touche au délire. Six mois d’absence et de regrets n’ont fait que l’exalter, et l’idée qu’elle ne peut plus troubler votre repos, l’encourage encore. Il est temps d’y mettre un frein en lui prouvant qu’il ne doit exister entre vous qu’une simple