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Page:Nichault - Ellenore t1.djvu/310

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— Rassurez-vous, répondit le prince en jetant sur Ellénore un regard de pitié, on ne veut plus mourir quand on se croit aimé !

Et il la laissa en proie à une agitation dont elle avait peine à s’expliquer la cause. Était-ce la pitié, était-ce un sentiment plus tendre qui l’avait émue à l’aspect du désespoir d’Albert ? Voilà ce que, dans la bonne foi de son âme, elle ne put résoudre.



XLV


Ellénore ne s’était pas trompée sur le projet de M. de Savernon. Le prince de P… eut beaucoup de peine à l’en détourner. Il alléguait la nécessité de chercher à sauver sa fortune et celle de toute sa famille des mains des républicains ; mais le prince lui montra une liste des émigrés, nouvellement publiée à Paris. Il lui fit voir que ses noms et prénoms y étaient tracés en toutes lettres, qu’il y avait peine de mort pour tout émigré qui tenterait de rentrer en France, et qu’il fallait autant prendre un pistolet et se brûler la cervelle, que d’aller se livrer ainsi au couperet de la guillotine. Albert, convaincu de cette vérité, avait renoncé à son projet insensé.

Cependant, il devenait chaque jour plus difficile d’expliquer le retard que mettait madame Mansley à répondre à la proposition de M. Ham…, et on commençait à parler de M. de Savernon à propos des raisons qui empêchaient Ellénore de faire un aussi bon mariage.

Elle avait bien fait promettre à Albert d’aller se fixer à Edimbourg, à cette seule condition, elle s’était enga-