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Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/113

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pour la centième fois avec un charme toujours plus entraînant. C’était ce lieu commun des amants qui préfèrent peu à rien dans l’espoir de tout obtenir ; qui se résignent à L’amitié pour ne pas perdre la présence. La seule chose qui distinguât ce traité à l’amiable de tous ceux du même genre, c’était la bonne foi des parties.

Pendant que madame de la Tournelle méditait sur ce qu’elle devait l’aire pour être fidèle à sa promesse sans courir trop de danger, on vint lui dire que le duc de Richelieu demandait à la voir pour lui l’aire ses adieux.

— Vous partez ? lui dit-elle ; aurait-on de mauvaises nouvelles de l’armée ?

— Un courrier, arrivé cette nuit à Vincennes, répondit le duc, a déterminé le roi à envoyer le marquis de Guerchy au maréchal de Broglie ; il va lui porter l’ordre de laisser au maréchal de Belle-Isle le commandement de l’armée de Prague, et de se rendre à Ratisbonne où il doit remplacer M. de Maillebois. La mission n’est pas agréable, et Guerchy doit partir à l’issue du conseil, où la proposition sera bientôt décidée, car elle a été déjà longuement discutée. Je l’accompagnerai une partie de sa route, puis j’irai à Richelieu.

— Quoi ! vous allez vous confiner dans votre château en cette saison ? Quelle idée !

— C’est pour un motif indispensable ; vous le saurez plus tard, dit en souriant M. de Richelieu.

— Quelque nouvelle folie, je gage ; vous ne vous convertirez Jonc jamais ?

— Le plus tard possible ; mais si je suis fou, je suis discret, vous n’en saurez pas davantage.

— Soit… mais remplacer M. de Maillebois ! voilà une faveur qui peut devenir funeste à notre ami, reprit madame de la Tournelle, surtout si ce qu’on dit de la conduite du roi de Prusse est vrai.

— Oh ! le maréchal de Belle-Isle est prudent ; si la saison, la faiblesse des Bavarois, la défection des Prussiens et l’éloignement des troupes de Maillebois ne lui laissent plus les moyens de tenir à Prague, il trouvera un moyen d’en sortir sans compromettre la gloire et la sûreté de l’armée ; et c’est, je pense, pour lui donner carte blanche à ce sujet qu’on nous met en roule par ce temps de frimas. Les