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Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/116

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Maurepas, les Carignan, et tout le sacré collège du vieux cardinal ne manqueraient pas à étourdir les oreilles du roi de mille calomnies sur votre compte. Les mêmes qui lui ont dit que d’Agenois avait été plus heureux que lui auprès de vous inventeront quelque nouvelle aventure de ce genre pour vous perdre. Ce qu’il faut surtout, c’est n’avoir pas l’air de les craindre ; c’est faire de l’affection du roi un bouclier qui vous mette à l’abri de leurs coups ; c’est empêcher leur funeste influence sur un prince digne de régner par lui-même et non de rester sous la tutelle d’un jésuite et d’un chansonnier.

— Adieu, ajouta le duc en se levant, réfléchissez à ces conseils d’un ami qui vous est dévoué comme on l’est à son pays, à son roi : c’est-à-dire toujours et malgré tout.



XXII

AIMEZ LE ROI


On venait d’avertir madame de la Tournelle que les chevaux étaient attelés, que tout était prêt pour son départ de Plaisance, lorsqu’elle vit entrer dans sa chambre madame de Flavacourt, les larmes aux yeux, et dans l’état d’une personne frappée d’un chagrin imprévu. Elle revenait de Paris, où elle avait été au-devant de son mari, arrivé de la veille.

— Qu’avez-vous ? dit madame de la Tournelle, M. de Flavacourt… serait-il blessé… ?

— Non ; je l’ai vu, interrompit sa sœur, son congé est d’un mois seulement ; il le passera à Paris, et je vais l’y rejoindre.

— Quoi ! il ne viendra pas avec nous à Versailles ?

— Non, ma sœur… il exige que je reste éloignée de la cour.

— Mais que dira la reine ?

— Nous trouverons quelque excuse à lui donner. Si les affaires de mon mari le retiennent à Paris…

— Cela est impossible, elles l’appellent bien plutôt à