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Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/158

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XXX

LES ÉTRENNES


La veille du premier jour de l’an, Louis XV fit porter chez la reine une superbe corbeille remplie d’objets précieux, de futilités à la mode, qui devaient servir à la loterie des étrennes. Cette galanterie, instituée par Louis XIV, avait subi de grands changements ; d’abord toute la cour ne participait plus à ces largesses royales. Les personnes attachées au service du roi, de la reine ou des princesses du sang étaient seules admises à cette espèce de fête de famille.

La fraude des loteries de cour bien reconnue, on en était venu à joindre tout simplement au numéro le nom de la personne à laquelle le présent était destiné, et la plus jeune mariée des dames présentées était chargée du soin de puiser dans la corbeille et de porter les dons à leur destination. On n’attendait plus que le roi pour commencer la distribution des étrennes, lorsque la marquise de la Tournelle et la marquise de Flavacourt arrivèrent. La reine, pour qui le roi avait été plus aimable que de coutume, et qui venait d’en recevoir pour étrennes la somme qui devait servir à tant d’actes de charité, était de fort bonne humeur ; aussi se montra-t-elle presque affectueuse pour madame de la Tournelle.

L’effet de cet accueil charmant la fit sourire, car, s’il lui attira le salut protecteur de toutes les matrones de la cour, il lui enleva subitement l’essaim de courtisans qui voltigeaient près d’elle. Elle vit le dédain le plus profond succéder aux empressements flatteurs, et peu à peu le cercle de la comtesse de Mailly s’augmenta de tous les déserteurs de la petite cour. Quelques vieux piliers du château seuls lui restèrent ; l’expérience leur avait appris à ne pas trop se presser de dédaigner la sagesse à la cour. Ils l’avaient vue si rarement digne d’une longue colère !

On était depuis quelques jours fort inquiet de l’armée :