entrèrent portant chacune un bouquet pareil à celui de la jolie duchesse.
Ce fut un véritable coup de théâtre que l’apparition de ces trois autres bouquets. Madame de Chevreuse en resta interdite ; les gens qui l’entouraient, déconcertés dans leur supposition, s’éloignèrent naturellement d’elle pour aller saluer la princesse de la Roche-sur-Yon, et elle se trouva tout à coup abandonnée. Heureusement M. de Coigny n’était point témoin de cette humiliation. Comme son humeur jalouse s’en serait réjouie !
L’incertitude s’empara de nouveau des observateurs, et la crainte de tomber dans quelque bévue irréparable fit prendre tacitement à chacun la résolution de ne faire nulle démarche qui put trahir un préférence, et de ne pas dire un seul mot qui décelât une idée quelconque.
Pourquoi n’être pas venue prendre votre chocolat avec nous : il était convenu que l’on déjeunerait aujourd’bui chez moi. Je croyais vous l’avoir dit hier en nous quittant.
Je puis affirmer à Votre Altesse qu’elle l’a complètement oublié ; je n’en suis pas moins très-reconnaissante… mais j’en suis désolée…
Je le suis bien davantage, vraiment ! vous m’auriez donné votre avis sur les cbiffons qu’on vient de nous apporter de Paris ; il y a entre autres un petit chapeau à plumes roses que madame de Flavacourt et madame de la Tournelle nui trouvé charmant.
Ces dames déjeunaient avec Votre Altesse ?…
Certainement ; il ne manquait que vous. Le roi devait aller à la chasse, et nous voulions nous réunir pendant son absence. L’arrivée tl’un courrier l’a forcé à travailler ce matin avec M. d’Argenson ; mais je pense qu’il aura bientôt fini, car il nous a lait prier de nous rendre ici, en disant qu’il allait nous y rejoindre.
Et madame de la Tournelle ?