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Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/219

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— Ah ! vous appelez cela oublier mes intérêts, assurer à ma sœur la plus belle existence !

— Sans doute, car j’aurais pu vous dire tout cela hier…

— Et juger plus tôt de ma reconnaissance.

— C’est justement de cette reconnaissance dont je me méfiais ; j’aurais été si malheureux de lui devoir… !

— Eh bien, maintenant que vous n’avez plus rien à craindre, interrompit-elle, vous m’en laisserez parler, n’est-ce-pas ?

— Tant que vous voudrez, reprit le roi, mais plus tard.



XLI

MADEMOISELLE HÉBERT


Le jeu finit de bonne heure ; l’association du roi et de madame de la Tournelle faillit l’aire sauter la banque du gnole, tant chacun s’appliqua à suivre leur chance heureuse.

— Nous retournons demain à Versailles, dit madame de la Tournelle à mademoiselle Hébert pendant que celle-ci la déshabillait ; vous partirez quelques heures avant moi pour ordonner et surveiller notre déménagement. M. de Vauréal revient, il faut que je lui rende son appartement. Lebel vous fera connaître celui que je dois occuper.

— Il me l’a déjà dit, madame, répond mademoiselle Hébert d’une voix étouffée qui fait tressaillir madame de la Tournelle. Surprise, elle lève les yeux sur la glace qui les réfléchit toutes deux, et voit les larmes couler sur les joues de mademoiselle Hébert.

La pauvre fille n’ose pas les essuyer, tant elle craint qu’on ne s’en aperçoive ; et ce blâme silencieux, ces regrets profonds d’une admiration sainte qu’il lui faut perdre, frappent madame de la Tournelle plus que n’auraient pu le faire les mépris du monde, la colère du ciel.

Elle se retourne vers mademoiselle Hébert, et, ne pouvant réprimer le sentiment de sa fierté blessée :

— S’il vous en coûte de me suivre dans ce nouvel appar-