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Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/228

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moi qui me répondit de sa vie. Mais ne nous occupons plus de sa folie, vous n’y pouvez plus rien, ni moi non plus : que Dieu le guérisse ! D’Argenson m’a raconté une partie de ce qui s’est passé à Choisy ; vous me direz le reste, n’est-ce pas ?

— Non, vraiment.

— Et vous avez raison, car je m’en doute ; le roi a une joie moins discrète que vous ; il esc revenu gracieux pour tout le monde, excepté pour moi ; j’en ai d’abord été ravi, cela m’a donné un moment d’illusion sur la nature de votre affection pour moi ; mais j’ai bientôt découvert que mon dévouement pour votre victime était seul cause de ma disgrâce ; sans compter que le roi m’avait tant étourdi de certains refus, qu’il n’aurait pas été fâché de…

— Taisez-vous, interrompit madame de la Tournelle, sinon…

— Ah ! si vous saviez comme j’ai pensé à vous, comme Notre destinée m’occupe !

— Oui, je sais que rien n’égale votre amitié, et je n’ai point oublié le soin que vous avez eu de me recommander à madame d’Egmont dans un moment difficile.

— Je serai toujours heureux de vous témoigner mon respect, mon attachement, dit le duc en baisant la main de madame de la Tournelle ; aujourd’hui il n’y a pas grand mérite à vous être dévoué ; mais vous me rendez, j’espère, la justice de compter sur moi en toute occasion.

— Oui, vous serez encore mon ami dans le malheur. Vous me guiderez…

— Cela est moins facile dans la prospérité ; on écoute si mal les conseils quand lout réussit ; et pourtant j’aurai l’audace de vous en donner.

— Je les accueillerai avec reconnaissance, soyez-en persuadé.

— Eh bien, nous allons voir. Madame de Mailly s’est retirée d’ici sans fortune ; elle n’a pas même, assure-t-on, un revenu qui lui permette de vivre modestement à Paris ; sans doute le roi l’ignore…

— Je le lui dirai, interrompit vivement madame de la Tournelle, et comme je ne lui ai jamais rien demandé, il ne me refusera pas d’assurer le sort d’une personne qui lui conserve encore tant d’attachement. Ce serait lui faire in-