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Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/239

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XLVI

LA PRÉSENTATION


Depuis le premier voyage de Choisy, la marquise de Flavacourt ne venait plus chez sa sœur ; cette dernière l’avait exigé, prévenant ainsi l’insulte que M. de Flavacourt n’aurait pas manqué de lui faire. Mais les deux sieurs s’écrivaient régulièrement, se rencontraient souvent chez la reine, lorsqu’elles étaient toutes deux de service ; et leur attachement mutuel s’augmentait encore de cette contrainte. La duchesse de Lauraguais, dont Le mari était à l’armée, ne quittait pas madame de Châteauroux ; moins belle que ses sœurs, madame de Lauraguais était vive, gaie, enjouée, fertile en bons mots et avait beaucoup de l’esprit de sa mère, la marquise de Nesle. Elle amusait le roi par ses réparties, et parvenait souvent à distraire madame de Châteauroux des intérêts sérieux, et quelquefois tristes qui l’occupaient.

La puissance de la duchesse de Châteauroux sur le cœur et le caractère du roi, l’usage qu’elle en voulait faire, n’étaient plus un secret pour la France ni pour l’Europe ; son amour pour la gloire de Louis XV fixait l’attention des cours étrangères, ou s’attendait à la voir déterminer le roi à prendre le commandement de ses armées, et comme cette détermination devait avoir une grande influence sur l’esprit belliqueux de la nation française, et portait sur les intérêts de plusieurs puissances, Les différents ambassadeurs épiaient ce moment avec inquiétude[1].

  1. C’est vers ce temps que la duchesse de Châteauroux écrivait au maréchal de Noailles la lettre suivante :
    « À Choisy, 3 novembre 1713.

    » Je sais bien, monsieur le maréchal, que vous avez autre chose à faire qu’à lire mes lettres, mais pourtant je me flatte que vous voudrez bien me sacrifier un petit moment, tant pour me lire que pour me répondre ; ce sera une marque d’amitié à laquelle je serai sensible. Le roi a eu la bonté de me confier la proposition que vous lui aviez faite d’aller à l’armée en ce moment ; mais n’ayez