Aller au contenu

Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/269

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

roi, elle veut obéir ; mais à peine a-t-elle quitté son siège, qu’elle tombe presque inanimée dans les bras de sa sœur ; alors, frémissant de succombez sous les yeux de ses ennemis, elle rassemble ses forces, et bientôt elle obtient de sa fierté un miracle de courage.



LII

LA DISGRACE


Le duc de Richelieu, qui connaissait l’énergie de la passion du roi pour madame de Châteauroux, l’engageait à braver les ordres extorqués dans un moment où le malade n’avait plus sa tête ; il se rendait responsable de tout événement ; mais la fierté de la duchesse, son profond désespoir, ne lui permettaient pas de composer avec sa situation.

— S’il meurt, disait-elle, je n’ai plus besoin de rien ; si Dieu le sauve et me conserve son amour, il me tiendra compte des humiliations que j’aurai supportées pour lui. Et, redoublant d’énergie, elle se rend chez elle, où, prévenue par Lebel, mademoiselle Hébert faisait déjà les apprêts du départ.

Avant tout elle écrivit le billet ci-joint à M. de Vernage, premier médecin.

« Je n’ai d’espérance qu’en vous, monsieur ; la tête a tourné à tous les gens qui environnent le roi. Je vous demande en grâce qu’il n’en soit pas autant de vous ; l’on vous a appelé à toute extrémité ; si le malheur arrive, cela ne peut pas rouler sur vous ; je vous dois déjà la vie, si je vous devais la sienne, ce serait vous la devoir deux fois ; quelle reconnaissance n’aurais-je pas ! et assurément celleci serait cent fois plus sensible que l’autre.

» Comptez, monsieur, sur l’amitié la plus tendre.

» LA DUCHESSE DE CHATEAUROUX[1]. »
  1. Billet de la duchesse de Châteauroux au docteur Vernage, trouvé dans les papiers du duc de Richelieu.