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Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/285

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crainte de ne pas L’obtenir ; enfin cette nouvelle persécution n’aura pas lieu.

Cette assurance répétée à madame de Châteauroux, et la douce surpris,’de revoir un ami quand elle s’attendait à la présence d’un ennemi mortel, firent une heureuse diversion à sa peine. M. Duverney venait offrir ses services en cas d’une émeute concertée par les mêmes agents qui avaient fait celle de Metz et celle de La Ferté-sous-Jouarre ; il mit son château de Plaisance à la disposition delà duchesse.

— Je sais tout le mérite d’une proposition semblable, répondit-elle ; mais je me garderai de l’accepter ; ce serait exposer au pillage votre belle retraite, ce séjour ravissant où il m’a parlé de son amour pour la première fois. Non, c’est une consolation pour moi de penser qu’un jour peut-être il viendra m’y pleurer.

— Xe vous livrez pas à ces tristes idées ; dites-moi plutôt ce que je puis faire pour vous pendant ces trois jours de réjouissances publiques. Je crains que ces cris populaires ne vous fassent mal ; laissez-moi vous emmener d’ici.

— Ali ! ces cris de joie, ces bénédictions du peuple pour son roi, j’ai besoin de les entendre ; ils me coûtent assez cher.

— Mais, que deviendrez-vous pendant ces jours de folies ?

— Je pleurerai, comme aujourd’hui, comme j’ai pleuré depuis que…

Les sanglots l’empêchèrent de continuer.

— Eh bien, maintenant que j’ai satisfait à tous les devoirs de l’amitié, dit M. Duverney, je vous approuve de rester ; qui sait ce que peut produire L’idée de vous savoir si près de lui ?

— Ah ! mon ami, je n’ai plus d’espoir.

— Moi, j’en conserve encore ; je sais que votre appartement à Versailles n’est point donné, qu’excepté le tableau que voici, ajouta-t-il en montrant le portrait du roi, nul de vos meubles n’a été dérangé : je sais que le roi montre chaque jour plus de froideur pour ceux qui vous ont insultée, et que le duc de Chartres, ayant tenté dernièrement de justifier les mesures de rigueur qui avaient eu lieu en L’honneur de la religion a une certaine époque, le roi lui a dit d’un ton de reproche : Vous m’avez fait bien du mal ; puis il s’est brusquement éloigné du prince, comme s’il eût