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Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/315

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Madame de Châteauroux devine sa pensée.

— Non, je n’aurai pas le même sort, dit-elle, rassurez-vous, cher Louis, je me sens beaucoup mieux : Vernage prétend que, si je passe cette nuit sans crise nerveuse, je serai bientôt guérie : le plaisir de vous voir me l’ait tant de bien !

Le roi, abusé par la confiance feinte de madame de Châteauroux, retrouve un peu d’espoir. Il lui parle de l’intérêt général qu’on prend à sa souffrance, de la réparation éclatante qu’elle obtient à la ville comme à la cour. Il lui peint le bel avenir qui l’attend, car c’est toujours d’avenir qu’on parle aux malheureux qui n’en ont plus.

Elle sourit avec complaisance à ces riants tableaux ; elle affecte de lui demander un appartement à Trianon pour y passer le temps de sa convalescence.

— Les malades ont des caprices, ajoute-t-elle, eh bien, moi, je veux que vous me promettiez de fêter aussi mon retour à la vie ; je n’exige point de char de triomphe, d’acclamations du peuple, de festins, de bals, enfin ! rien de ce qu’on a fait pour vous. Je veux tout simplement que vous rappeliez notre ami Richelieu qui s’ennuie à Montpellier, pour recommencer le petit souper que nous finies tous trois, il y a deux ans, à sa grande surprise. Il ne sera pas moins étonné de me voir faire les honneurs de celui-là que de l’autre.

— Je lui écrirai ce soir même, il sera près de nous avant peu, car il est destiné à l’honneur d’accompagner madame la surintendante, lorsqu’elle ira au-devant de la Dauphine, dit le roi en baisant avec un respect affecté la main de la duchesse.

— Mais si la pauvre surintendante ne peut remplir ce pompeux devoir, il ne faut pas que son oncle soit moins favorisé ; il a été si parfait pour elle dans ses malheurs. Vous ue l’oublierez jamais, n’est-ce pas, Louis, ce qu’il a fait pour moi ?

— Dites pour nous, reprit le roi ; oh ! non, jamais, et si la guerre continue, comme il ne peut manquer de s’y distinguer encore, c’est des mains de ma belle Marianne qu’il recevra le bâton de maréchal de France.

— M. de Chavigny ne mérite pas moins vos bontés, Sire : c’est un homme attaché à votre gloire, à celle du pays. Lui et Duverney sont les seuls qui aient toujours approuvé votre