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Page:Nichault - La Duchesse de Chateauroux.djvu/91

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voudra bien me supporter telle que me voilà ; je n’ai ici aucun moyen de nie l’aire pins belle.

— Je le crois sans peine, madame, répondit M. Duverney d’un ton de galanterie fort à la mode alors : mais l’hôte qui vient demain honorer ma retraite, loin d’exiger le moindre dérangement pour lui, m’a fait promettre de le recevoir comme si le hasard seul le conduisait ici, enfin, comme s’étant égaré à la poursuite du cerf.

— Quoi ! le roi chasse demain à Vincennes ? demanda en souriant madame de Brancas.

— Oui, madame, toute la matinée ; et comme Sa Majesté a entendu parler de l’aloès en fleur qui m’attire depuis quelques jours la plupart de nos savants botanistes, elle m’a témoigné le désir de se promener dans mes serres ; pensez bien que je suis trop fier d’une si belle visite. pour ne pas vous supplier de m’aider à faire les honneurs de mon héritage au seigneur de Versailles.

— Ah ! mon Dieu, s’écria madame de Mirepoix, il faut vite dépêcher un courrier à Paris pour nous apporter d’autres robes. Le roi ici ! quelle trahison ! En vérité, mon cher Duverney, on n’est pas en sûreté chez vous. Écrivons, sans perdre de temps, à la Martinette.

Et la marquise traça à la hâte les ordres nécessaires pour qu’on lui apportai le lendemain une parure complète pour elle, et une autre pour madame de Brancas.

— Ne voulez-vous pas profiter du courrier, dit-elle à madame de la Tournelle, pour faire venir ce dont vous avez besoin ?

Elle fut obligée de répéter cette question plusieurs fois : madame de la Tournelle, frappée de la nouvelle inattendue, n’avait rien écouté depuis ce mot : « Le roi ici ! « Enfin, pressée de répondre, elle remercia madame de Mirepoix, en ajoutant qu’elle préférait rester dans sa chambre tout le temps de la visite royale, que d’envoyer chercher de grandes parures qui n’arriveraient peut-être pas à temps.

Alors une voix qui se glissa, pour ainsi dire, dans son oreille dit :

— Vous ne pouvez sans affectation rester dans votre appartement quand le roi sera ici ; prenez-y garde et tâchez de ne laisser paraître ni joie ni crainte d’une telle visite.

Cette voix c’était celle d’un vieil ami, de M. de Chavigny,