Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/188

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s’informer de l’état de ma santé. Cette démarche, toute aimable qu’elle fût, ne m’a pas surpris ; je savais qu’ils étaient vos amis ; mais leur visite m’a fait un bien inexprimable. Nous avons beaucoup parlé de vous, de ma sœur qu’ils ont le désir de connaître, et de votre chère Emma. Ils m’ont appris vos inquiétudes sur mon compte, et ce moment m’a fait oublier que j’étais loin de vous. Chargez-vous, Laure, de m’acquitter envers eux de tout ce que je leur dois pour tant d’obligeance de leur part, et peignez leur ma reconnaissance aussi vivement que je voudrais vous exprimer le sentiment qui vous attache pour jamais,

« Votre respectueux et tendre ami,

« James Drymer. »

Tu le vois, ma Juliette, quel prix il met à ce que la pitié t’a fait faire pour lui. Il ne l’oubliera de sa vie, ni moi non plus et je sens qu’il m’est devenu plus cher, depuis que tu l’as vu. Je crains de répondre à l’éloge que tu m’en as tracé, non pas qu’il n’ait flatté mon cœur, car il en a éprouvé la sensation la plus douce ; mais il a embarrassé ma modestie plus qui ne l’eût fait mon propre éloge : c’est ainsi que j’ai placé dans lui tous mes sentiments, on ne peut plus m’offenser qu’en l’injuriant, ni me flatter qu’en le trouvant aimable.