Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/39

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trop nombreuse, et si l’éducation d’Emma ne m’autorisait à vivre dans la retraite, je sens qu’il me serait souvent pénible de passer au salon les moments que j’aime tant à consacrer à la solitude ; mais je crois que ma belle-mère me laissera sur ce point une entière liberté. Elle arrive en ce moment, et me force à finir cette lettre dont la longueur m’effraye pour toi : elle ne veut pas que je t’écrive davantage, elle craint pour mes yeux qui sont très-fatigués. Cet aimable soin me rappelle les tiens, et je sens que le plus sûr moyen de me plaire est de te ressembler.

Adieu, je t’embrasse.



IV


Ma fille m’a fait de la peine ce matin, chère Juliette, je me plaignais de ne pouvoir la retenir près de moi ; elle me dit en faisant ces petits gestes que tu aimes tant :

« Pourquoi ne veux-tu plus jouer ? je m’ennuie. »

La pauvre petite a raison, et je conçois que ma tristesse l’engage à me fuir. Ici chacun se prête à ses jeux, et ses caresses font couler mes larmes ; elle n’en peut deviner le motif, et c’est moi qui ai tort de ne pas me contraindre ; je vais redevenir enfant