Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/50

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— Vous connaissez donc bien sir James, répliquai-je ?

— Oui, madame, j’ai passé un an avec lui dans la maison d’éducation où il vint à l’âge de quinze ans pour apprendre le français ; je l’ai revu depuis à Paris lorsqu’il y fut amené par l’amour, et nous avons toujours conservé une liaison d’amitié qui tient plus à l’estime que nous nous portons, qu’à aucuns rapports sympathiques ; il me traite un peu en enfant, cela ne m’empêche pas de le croire mon ami ; je lui fais mes confidences qu’il reçoit toujours avec intérêt, et je n’en exige point.

— Son amitié pour vous me rassure, interrompit madame de Varannes ; ce n’est pas trop de toute sa vérité pour tempérer la vivacité de votre imagination ; cependant n’allez pas lui ressembler, car je préfère vos imperfections à toutes ses vertus.

À ces mots Frédéric baisa la main de sa mère, pour la remercier de cette petite flatterie, et s’adressant à moi :

— Vous êtes loin, madame, d’une telle indulgence, et je n’ai pas lieu d’espérer tant d’aveuglement de votre part.

Après cet entretien chacun se sépara, et je réfléchis quelque temps sur la fatalité du sort qui veut qu’un être malheureux devienne ridicule, par l’effet que produit sur lui son malheur. Ce pauvre sir