Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/62

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craintes que mon amitié en conçoit, et peut-être mes réflexions vous seraient-elles de quelque utilité.

— Oh ! ma chère Laure, a-t-elle repris avec l’accent le plus tendre, vous êtes seule digne de toute ma confiance, vous seule pouvez comprendre mes peines, et surtout excuser ma faiblesse. Il est trop vrai, sir James a fait la plus vive impression sur mon cœur ; ses malheurs, sa tristesse m’ont inspiré le désir de lui offrir des consolations ; et l’espoir d’y réussir, fondé sur quelques préférences de sa part, a bientôt fait d’égarer ma raison. Je sais tous les obstacles qui s’opposent à mon bonheur ; je me suis répété cent fois qu’il était impossible : cette vérité n’a servi qu’à me rendre plus malheureuse, sans diminuer…

Elle s’arrêta, n’osant pas prononcer le mot amour. Je compris son embarras, et sans avoir l’air de m’en apercevoir, je l’embrassai. Je n’ai pas voulu la flatter d’un succès sur lequel je ne compte pas, mais je lui ai promis de m’informer, près de Lucie, du caractère de milord Drymer, et de ses vues relatives à son fils. Je n’ai pas osé non plus lui demander si ce dernier répondait assez à son amour pour s’exposer au courroux de son père, ce doute l’aurait affligée ; mais comme il est important de l’éclaircir avant de se compromettre par aucune démarche, je vais, plus que jamais, observer cet amant mystérieux ; ce qui