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la vue de ce qui reste des agitations passées. L’aspect de ces dieux de marbre auxquels on sacrifiait Iphigénie, sans avoir égard pour le rang de son père et les cris de sa mère ; ce Néron, trouvé à Telese, dont la pose, l’expression rappellent les férocités de son règne sanglant ; cette belle statue dont les traits altérés, vieillis sur un corps jeune, font deviner la veuve éplorée de Germanicus ; tant de grands souvenirs, de regrets, de désespoirs, inspiraient à Clotilde pour ses propres ennuis, cette patience qui tient lieu de résignation, ce dédain qui supplée au courage.

Elle ne fut pas très-surprise de rencontrer Sosthène au milieu du grand escalier.

— Que faites-vous là ? dit la marquise en lui donnant sur l’épaule un coup d’éventail.

— Je regardais cette statue colossale, madame, en cherchant à m’expliquer comment il était possible qu’un homme de génie tel que Canova, ait jamais eu l’idée de représenter ce vieux roi Ferdinand en Minerve ; cela justifie bien l’opinion de madame de Staël, qui prétendait qu’il n’était point de grand talent à qui la flatterie n’ait fait dire ou faire une énorme bêtise.

— On ne saurait reprocher celle-ci à Canova, dit la comtesse, car il ne pouvait passer près de