Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ma tête, on ne saurait la garder en aimant Clotilde, et je tenterais en vain de te faire comprendre le charme attaché à toute sa personne ; c’est un mélange de sensibilité, d’esprit, de séduction, de retenue, de vivacité, de langueur, qui vous plonge dans un enchantement continuel. En voyant ses beaux yeux s’animer, son front se colorer d’une pudique rougeur, ses lèvres s’entr’ouvrir pour laisser tomber sa parole divine, on n’a plus qu’une idée, qu’un vœu, qu’une ambition : lui plaire, et toujours lui plaire ; on ne veut plus qu’arriver, à force d’amour, à posséder cet ange, à s’acquérir le droit de couvrir d’adorations chacune de ses beautés, de vivre, de mourir pour elle. Ah ! mon cher Adalbert ! combien je suis heureux que ma bonne étoile t’ait conduit vers une autre femme ; car je me rends justice, tu es plus beau, plus aimable que moi, tu as par-dessus tout cette froideur apparente dont l’amour-propre féminin aime tant à triompher. Si tu l’avais connue avant d’être enchaînée à la princesse Ercolante, tu aurais subi comme moi l’effet de ce charme invincible, tu n’aurais pu la voir s’approcher sans l’adorer, et, trop fière de ton hommage, elle ne se serait pas même aperçue de ma passion. Je rends grâce au ciel de m’avoir épargné un rival tel que toi.