Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/177

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— Ah ! ma bonne mère, s’écria Clotilde en embrassant les genoux de la supérieure ; votre charité lit dans mon âme, elle y voit le seul vœu que je forme, et, semblable à Dieu, elle n’attend pas la prière pour apporter le secours. Je pourrai donc le revoir, le soigner, deviner à sa respiration, à son regard éteint, son front décoloré, ce qui me reste à vivre !

— C’est votre devoir, reprit la mère Santa-Valentina. Le Seigneur a dit : La femme quittera père et mère poursuivre son mari, » et saint Paul ajoute : « Car que savez-vous, ô femme ! si vous ne sauverez point votre époux ? » Si Dieu vous réserve, comme je l’espère, cette sainte gloire, ma fille, il protégera notre ruse innocente, il vous pardonnera d’employer ce déguisement pour reconquérir votre place auprès d’un lit de douleur ; il vous donnera la force de braver tant de rudes épreuves, et celle de vous humilier, s’il le faut, devant la femme qui usurpe vos droits, plutôt que d’exposer la vie de votre mari. Il doit ignorer votre présence, car Dieu sait l’effet qu’elle produirait sur le pauvre mourant.

— Ne craignez rien, interrompit Clotilde, je saurai tout endurer avant de lui laisser voir qui l’assiste, avant de lui laisser reconnaître dans la main