Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur l’inquiétude incessante qui la tourmentait, d’abord parce qu’il ne cherchait à plaire à aucune femme, puis qu’il n’adressait jamais la parole à madame des Bruyères ; mais la princesse, née dans un pays où l’impossibilité de contraindre ses passions dispense d’aucun effort pour les cacher, loin de savoir gré à Adalbert de la réserve qu’il mettait dans ses soins, lui en faisait un crime. Tant de raison ne pouvait s’allier qu’à très-peu d’amour, prétendait-elle ; et partant de là, pour se livrer à toutes les agitations d’une jalousie sans cause, elle avait souvent le tort de lui adresser, en plein salon, des reproches fort embarrassants à écouter devant témoins.

Ce jour-là, se voyant la plus brillante de toutes, elle se crut la plus jolie, et elle traita madame des Bruyères avec une sorte de protection qui fit sourire Sosthène et son ami ; malheureusement, ce sourire n’échappa point à la princesse et la rendit à tous les soupçons qui troublaient son esprit, sans se rendre compte de ce qu’elle éprouvait de peine à la vue de Clotilde, sans se demander si l’admiration qu’Adalbert semblait avoir pour la comtesse, n’était pas l’effet de sa complaisante amitié pour Sosthène.

— Il aime cette femme, pensa-t-elle… cette fem-