Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/97

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brave mari par sa tendre moitié, Sosthène déclama contre les sentiments philanthropiques et surtout aristocratiques, qui avaient fait admettre des circonstances atténuantes en faveur de la coupable.

— Soyez bien persuadés, ajouta-t-il, que sans les jolis yeux et le nom honorable que portait l’empoisonneuse, elle aurait subi la peine de mort. Quant à moi, si j’avais fait partie de ses juges, je n’aurais pas été si indulgent. Et toi ? demanda Sosthène à Adalbert.

— Moi, je l’aurais acquittée tout de suite.

— Après un tel crime ! s’écria involontairement Clotilde.

— J’en connais de plus grands qui restent impunis, Madame ; au vrai, sauf les derniers moments de ce mari qui ont été douloureux comme le sont la plupart des derniers moments, soit qu’on meure de sa belle mort ou des poisons de la médecine, il a joui tant qu’il a vécu du plaisir de posséder une jolie femme, de la douce illusion de s’en croire aimé ; c’est entouré des plus tendres soins qu’il a rendu son âme à Dieu, sans crainte que nul sentiment amer, ni nulle vengeance ne lui fermât les portes du ciel. Il a quitté une vie agréable avec l’espérance d’une meilleure. On ne saurait le plaindre. C’est le mari visiblement