Aller au contenu

Page:Nichault - Marie.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

MARIE.

Oh ciel ! qu’avez-vous fait ?

SAINT-ELME.

J’ai bravé une autorité barbare, pour accomplir le plus saint des devoirs, car vous le niez en vain, j’ai troublé à jamais le repos de Marie. Ses pleurs, son courage à me fuir, tout m’en donne l’assurance.

MARIE, vivement.

Non, non, ne croyez pas…

SAINT-ELME, tendrement.

Si, je crois que tu m’aimes, et que ta vertu seule s’oppose à mes vœux. Mais si cette vertu te fait préférer le malheur à mon amour, serais-je moins noble que toi… Puis-je oublier que, sans l’effroi que ma passion t’inspire, tu vivrais heureuse au sein d’une famille respectable qui t’avait adoptée comme un enfant chéri ; n’est-ce pas moi qui t’ai enlevée à ta bienfaitrice, qui t’ai ravie à une existence honorable, pour te plonger dans la misère. Ah ! mon devoir est de te secourir, de te protéger, de te rendre enfin le bonheur que je te coûte.

MARIE.

S’il est vrai que votre cœur me doive quelque sacrifice, oubliez-moi, soumettez-vous aux ordres de votre famille ; croyez que tous deux nous serions punis de les avoir bravés ; on m’accuse, justifiez-moi par votre obéissance, c’est alors que je vous aimerai.

SAINT-ELME.

Il n’est plus temps, te dis-je ; j’ai rendu mon pardon