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Page:Nichault - Marie Louise d Orleans.djvu/13

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II


C’était le 29 juin 1670, un dimanche, Mademoiselle avait revêtu son fourreau de moire couleur de rose, garni de dentelles, et sa ceinture à franges d’or ; elle revenait de la chapelle, où elle avait été grondée plus d’une fois par sa gouvernante pour avoir trop souvent détourné ses regards de l’autel ; mais un attrait invincible les lui faisait porter sans cesse sur sa mère ; on eût dit qu’ils voulaient se repaître de cette image adorée comme d’un trésor dont ils n’auraient bientôt plus que le souvenir.

Après la messe, Madame se rendit chez Mademoiselle avec le peintre anglais, madame de la Fayette et madame d’Épernon. Ces dames applaudirent à la ressemblance du portrait, et la séance commença. Le peintre se plaignit du changement survenu aux yeux de la petite princesse ; ils étaient encore gonflés et rouges ; elle avait pleuré. Madame voulut savoir le motif de ces larmes. On lui parla de distractions à la chapelle pendant le divin sacrifice, et Marie-Louise, n’osant se justifier en avouant la véritable cause de ses distractions, se laissa gronder une seconde fois par sa mère. De nouvelles larmes voilaient ses yeux et menaçaient d’empêcher la séance, lorsque Madame, touchée de l’accent douloureux dont Marie-Louise s’écria : « Pardon, je ne le ferai plus ! » demanda grâce pour sa fille, et l’embrassa pour la consoler. Alors une joie céleste brilla sous les pleurs de l’enfant, et le peintre, avide de rendre cette expression sublime, continua son ouvrage.

La conversation s’anima : Madame raconta plusieurs faits intéressants de son voyage en Angleterre, plusieurs traits