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Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/129

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tude, ou faire prendre patience aux amis qui venaient quelquefois l’attendre dans ce salon, se reconnaissait à l’égal partage de ces différents objets. Aucune préférence affectée n’y donnait l’idée d’une profession : c’était la réunion la plus variée. Là une coupe antique était remplie d’anneaux, de bijoux de fantaisie inventés la veille par Mellério ; là une boîte en perles d’acier de Vienne renfermait quelques pages dérobées d’un manuscrit de l’auteur d’Atala ; un pupitre de malachite portait un dessin de Cicéri ; une miniature d’Isabey parait la couverture d’un album, dont un camée précieux ornait le fermoir ; un roman de madame Cottin un volume de Corinne, quelques vers de Millevoye, de Chénier, remplissaient les rayons d’une bibliothèque portative, à côté de laquelle se trouvait un panier à ouvrage rempli de broderies presque achevées ; un vase de Sèvres, dont les brillantes couleurs rivalisaient avec le faisceau de fleurs qu’il contenait, dominait la table, et répandait autour les parfums les plus délicats : enfin, la personne qui aurait vu ce salon sans en connaître la maîtresse aurait deviné l’esprit, le goût et les habitudes de madame de Lorency.

Il était impossible de recevoir un don de cette importance sans en faire part à son mari. Ermance lui écrivit aussi ce que l’empereur avait dit sur son compte à Fontainebleau ; sa lettre, remplie de faits intéressants pour lui, ne disait pas un mot d’elle ; seulement elle lui reprochait de s’être adressé à M. de Maizières pour lui faire envoyer les livres nouveaux qu’il désirait, et se bornait à réclamer le plaisir de lui adresser elle-même les ouvrages qu’elle supposerait devoir lui être agréables.

Cette lettre avait été précédée longtemps avant par celle où M. de Montvilliers apprenait à M. de Lorency la grossesse d’Ermance, et la résolution qu’elle avait prise de venir passer l’hiver chez lui ; le président lui mandait que ce projet le rendait d’autant plus heureux qu’il espérait le lui voir approuver. La réponse d’Adhémar ne se fit point attendre ! elle contenait d’affectueux témoignages de reconnaissance pour les soins du président envers madame de Lorency ; il se féli-