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Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/140

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XXIII


Trois heures venaient de sonner, Ermance était encore au lit, car le docteur ne lui permettait de se lever que pour dîner, tant il craignait de la voir retomber dans l’état de faiblesse qui l’avait alarmé. M. de Montvilliers, interrompu par le bruit de la voiture, attendait à chaque instant que la porte s’ouvrît et qu’Adhémar parût ; madame de Lorency gardait le silence, et s’enveloppait du chale que lui avait envoyé son mari, pour cacher le tremblement qui agitait ses mains. On entendait sa respiration précipitée, et son visage, animé par la crainte et la joie, avait une expression impossible à décrire.

— Nous nous sommes trompés, dit le président, en ne voyant pas venir Adhémar, ce n’était point lui… Cependant j’ai bien entendu le claquement du fouet d’un postillon… peut-être est-il entré tout de suite dans sa chambre… On lui aura dit que tu étais couchée ; il croit que tu reposes, mais pourtant il sait bien que nous l’attendons… N’a-t-on pas ouvert la porte du salon ?… Il me semble que j’entends plusieurs voix… Si tu sonnais… Maudit pied ! ajouta-t-il en tachant de se lever pour aller vers la cheminée, car Ermance, plongée dans ses réflexions, en proie aux suppositions les plus alarmantes, n’entendait rien ; les regards attachés sur la porte de sa chambre, on eût dit que son sort dépendait de l’immobilité de cette porte ; enfin, elle s’ouvrit, et le docteur parut en disant :

— Je vous amène un médecin plus savant que moi ; celui-là aura bientôt triomphé de la maladie causée par l’inquiétude.

Au même instant, M. de Lorency s’approcha d’Ermance, l’embrassa avec une froideur préméditée, et lui fit des reproches obligeants sur l’imprudence qu’elle avait commise en venant à Paris chercher de ses nouvelles.

— Je ne me ressents plus de cette indisposition, répondit-