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Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/201

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possibilité où elle est de les franchir sans le secours d’un autre. Le sentiment du danger, la terreur d’une mort affreuse s’empare de ses sens ; elle considère d’un œil hagard les progrès de l’incendie : déjà des lustres, dont les cordes de métal se sont fondues à la chaleur des poutres enflammées, sont tombés à ses pieds ; les éclats des glaces qui se brisent de toutes parts viennent frapper sa tête ; la lueur s’augmente, la voûte se déchire, s’embrase, elle est prête à s’effondrer. Les portes sont dégagées ; Ermance pourrait fuir, mais elle n’en a plus la force ; l’horreur d’une telle mort l’a frappée de stupeur, ses genoux fléchissent… elle est évanouie… Une femme éplorée lui demande sa fille, elle ne l’entend pas. En cet instant, un homme franchit une des fenêtres embrasées, s’élance vers Ermance, l’enlève dans ses bras, la serre contre son sein pour étouffer la flamme qui consume déjà sa chevelure, et, traversant la foule qu’il force à lui livrer passage, il va déposer Ermance dans la maison de madame R… de St.-J. d’A…, devenue l’asile protecteur de toutes les victimes de cette fête déplorable.



XXXIII


Après avoir accompagné l’impératrice jusqu’à l’entrée des Champs-Elysées, l’empereur revint chez le prince de Schwartzemberg, devinant trop les malheurs qu’un tel accident devait amener, et voulant animer le zèle des pompiers par sa présence ; mais par l’effet d’une imprévoyance sans exemple, ils n’avaient pas même d’eau dans leurs pompes, et il s’était passé plus d’une demi-heure avant qu’ils fussent en état d’agir ; les secours les plus prompts avaient été donnés par la plupart des jeunes gens qui se trouvaient au bal ; c’est à eux que l’ambassadeur de Russie avait dû de ne pas périr sous les degrés enfoncés par la foule et déjà atteints par les flammes ; leur courageux dévouement avait déjà sauvé plusieurs personnes ; mais, malgré leur audace à pénétrer là où le feu durait encore, ils ne purent trouver la belle-sœur du prince de Schwar-