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Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/262

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à se justifier ou à s’excuser par des prétextes bas et vulgaires. Le crime a sa dignité, et, je le sens, je mourrai avec la haine d’Adhémar plutôt que de vouloir l’apaiser par d’avilissantes attestations.

M. de Montvilliers, malgré le désir d’employer tout ce qui devait amener un rapprochement entre Ermance et son mari, ne pouvait s’empêcher d’admirer une résignation si noble, et finissait par se persuader qu’elle était peut-être la meilleure justification des torts que n’avait point sa nièce.

Tandis qu’elle déplorait ainsi son triste sort, madame de Lorency était l’objet de la plus ardente envie ; il n’était bruit, dans les différents salons de Paris, que du long entretien de l’empereur avec elle. Madame de Cernan l’avait appris à la cour seulement, et ne concevait pas qu’étant au bal avec Ermance elle le lui eût laissé ignorer.

— Comment se peut-il que vous me laissiez apprendre par d’autres que par vous un succès pareil ? lui dit-elle avec une sorte d’amertume.

— Mais je ne pensais pas, répondit Ermance, que cela pût vous intéresser. L’empereur m’a dit de ces propos de bal auxquels il n’attachait certainement aucune importance, et je ne les ai point répétés, pour ne pas leur en donner ; d’ailleurs, je sais que, lorsqu’il fait à une personne l’honneur de causer avec elle, même de choses insignifiantes, il n’aime pas qu’on les redise.

— Je ne vous demande point votre secret, reprit madame de Cernan, et je trouve tout simple que vous n’admettiez personne à une semblable confidence ; je vous en veux seulement de m’avoir donné l’air d’une imbécile quand on est venu me dire que l’empereur ne s’était occupé que de vous au bal de l’archichancelier, et qu’il résultait de cet entretien que la famille des Lorency venait d’être inscrite parmi celles des anciens nobles auxquels on doit rendre les propriétés qui n’ont pas été vendues lors de…

— Vous croyez, madame ? interrompit Ermance d’un air offensé.

— Oui, je sais positivement que nous sommes compris