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Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/302

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— Vous m’avez appelé trop tard, avait-il dit en entendant la voix enrouée et la toux de l’enfant ; il a le croup.

À ce mot fatal Ermance était restée comme frappée de la foudre, et les caresses de Léon, sa joie en apercevant les nouveaux joujoux qu’on venait de lui apporter, sa voix altérée qui appelait sa mère, rien ne la sortait de l’état de stupeur où un mot l’avait mise. La colère de M. de Montvilliers contre la barbarie de ce médecin, dont l’arrêt tuait la mère avant de songer à sauver l’enfant, la nécessité d’employer sans retard les remèdes violents qui triomphent rarement de cette horrible maladie, eurent seuls le pouvoir de réveiller Ermance de l’engourdissement où le désespoir la plongeait ; elle passa subitement de la torpeur à une activité infatigable, ne permettant à personne d’approcher de son enfant ; unique exécuteur de toutes les tortures que la médecine invente contre ce fléau de l’enfance, elle avait repris son courage ; ses forces, exaltées par le danger, suffisaient à tout ; elle priait, suppliait à genoux le pauvre Léon de livrer son cou aux sangsues dont les piqûres le faisaient crier, et lorsque, suffoqué par la toux, il refusait de boire, c’était par l’autorité de ses larmes qu’elle obtenait de lui la soumission qui pouvait aider à le sauver.

Tout les remèdes épuisés, le médecin était parti, en cherchant à ranimer l’espoir qu’il avait si cruellement ôté, et en disant que la saignée et l’émétique ayant diminué l’oppression, on pouvait raisonnablement se flatter de la voir bientôt se dissiper tout à fait. Mais, peu rassuré par ces paroles, le président venait d’envoyer un exprès à Paris pour déterminer le docteur B… à se rendre sur-le-champ à Montvilliers, lorsqu’Adhémary arriva. Ce jeune docteur qui l’accompagnait et dont il vantait les talents, cet élève d’un homme qui faisait chaque jour des miracles, lui parut un sauveur envoyé du ciel, et c’est sous ce nom qu’il l’annonça à la malheureuse Ermance.

Avant de le mener vers elle, il lui avait recommandé de ne point parler du retour ni de la blessure de M. de Lorency, ne voulant pas joindre une inquiétude de plus à celle qui