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Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/44

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leur offrir des bouquets, et les prier d’honorer le bal de leur présence.

Au sortir du dîner, où quelques amis spirituels avaient vainement tenté d’amener la gaieté, où de fades vers avaient été froidement applaudis, on passa sur une terrasse, où les premiers musiciens de Paris exécutèrent des morceaux d’harmonie : ce concert, dont la douce mélancolie plaisait à la disposition d’âme des nouveaux époux, est tout à coup interrompu par le début d’un feu d’artifice : on crie, on se presse pour le fuir ou le voir. Les dernières bombes lancées, une illumination subite succède à la pluie de feu ; et les jardins offrent l’aspect le plus éblouissant. Enfin, talent, esprit, magnificence tout a été mis à contribution par M. Brenneval, dans l’idée que le luxe peut remplacer la joie.

Mais, excepté un certain nombre de paysans à moitié ivres, chacun reste sous l’influence de la tristesse qu’éprouvent les héros de la fête ; en vain les plus animés cherchent à la prolonger, on la sent mourir sous le poids d’un ennui fastueux, et quand la femme du général Donavel emmène la mariée personne ne sourit.



VIII


Adhémar, jeune, beau, spirituel et brave, avait toujours été bien accueilli des femmes ; trop fier pour s’exposer à leurs dédains, on ne l’avait jamais vu tenter une conquête sans gages de succès ; et la constance jalouse de celle qu’il préférait disait assez combien il en était aimé ; gâté par le bonheur, accoutumé aux doux témoignages d’un amour passionné, Adhémar ne pouvait être heureux d’un triomphe obtenu sur la résignation.

Comment ne pas comparer l’abandon qu’on espère avec cette contrainte qui tient de la terreur ! la confiance timide qui s’augmente du bonheur qu’on donne, avec cette froideur silencieuse que nulle caresse ne peut vaincre ! « Ah ! pensa Adhémar en admirant la beauté d’Ermance, pourquoi le ciel