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Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/69

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de votre mari. Voilà une attention conjugale à laquelle vous serez sensible, je n’en doute pas !

Ermance avait parfaitement entendu ce que disait le jeune officier à madame de B… ; mais trop émue pour se mêler à la conversation, elle espérait avoir le temps de se remettre avant qu’il se fit présenter à elle, ne pouvant plus se dispenser de lui parler.

— Vous avez vu M. de Lorency ? dit-elle d’une voix mal assurée.

— Oui, madame, répondit M. H… ; je l’ai vu avec ses nouvelles épaulettes, et j’ai eu le plaisir d’entendre dire aux premiers grognards de la garde que celles-là étaient bien gagnées. Sorte d’applaudissements très-flatteurs, je vous assure, et dont ces messieurs ne sont pas prodigues.

— Il n’a pas été blessé ? demanda Ermance.

— Non, madame, mais ce n’est pas sa faute, car son chapeau a été percé d’une balle ; on n’a jamais vu se battre de meilleur cœur. Je ne savais pas encore tout le mérite qu’il a à risquer ainsi sa vie, ajouta M. H… d’un ton galant. Si madame voulait me faire l’honneur de m’accorder une contre-danse, je serais bien fier de pouvoir m’en vanter à lui, car je repars cette nuit même, et j’espère le retrouver encore au quartier-général.

— Vous ne pouvez refuser, dit madame de B… ; mais avant, il faut qu’il envoie chercher ce beau châle. La princesse veut le voir, et puis vous serez fort aise de vous en servir pour sortir du bal.

M. H… s’empressa d’obéir, et il revint bientôt chargé de l’élégant souvenir d’Adhémar.

— Au milieu des dangers, des plaisirs de la victoire, pensa Ermance, il s’est occupé de moi ! Ah ! pourquoi s’est-il lassé de m’oublier, de me trahir ! mais sans doute cette attention en cache d’autres pour la femme qu’il aime ! puis-je m’en plaindre !…

Et passant ainsi de l’accusation au remords, Ermance souffrait de mille tourments impossibles à décrire.

Cependant il fallut tenir sa parole, et danser ; espèce de