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LA LOI DU SUD

s’émut point. Le jeu avait ôté tout ce qu’il pouvait y avoir d’impur en eux.

Tout essoufflés, avec un grand rire de joie, ils tombèrent ensemble sur la terre odorante.

Claire souriait.

Elle aimait ce long glissement qui lui rappelait ses rêves de la nuit.

Il y avait, dans l’attitude de Claire, quelque chose d’abandonné et de sensuel que Mario perçut cependant. C’est alors qu’il prit la tête de la jeune fille et la posa doucement sur ses genoux.

— Merci, dit-elle à mi-voix. Je suis bien mieux ainsi.

Il n’osait plus bouger et ce qu’il éprouvait était assez semblable au sentiment d’une mère qui, pour la première fois tient son enfant dans ses bras.

Il remarquait mieux maintenant sa peau blonde, sans défaut, sans tare, sur laquelle jouait la lumière ; les fossettes qui creusaient puérilement ses joues et sa bouche tendre.

Une envie irrésistible lui vint de toucher cette chair tranquille, mais il se retint.

Il cueillit une fleur mauve dont il avait oublié le nom et, doucement, redessina le fin visage tendu vers lui.

Claire baissa ses paupières pour mieux savourer la caresse. Derrière le rideau de ses longs cils, les prunelles bleues furent captives un instant.

Elle était belle ! Il se sentait encore plus rude, plus grossier, plus laid.

On le lui avait répété si souvent qu’il le croyait trop bien. Le jeune mâle qu’il était avait honte devant son enfance qui n’en finissait pas de se détacher de lui.

Il ressentit si violemment son indignité que son col l’étrangla tout à coup.

— Allons-nous en, dit-il.

— Déjà ! soupira la jeune fille.

— Il se fait tard. Mais nous reviendrons, promit-il.

Il savait bien qu’il ne reviendrait plus avec elle dans