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LA LOI DU SUD

Brusquement, le musicien posa son violon et s’approcha de moi. Ses mains étreignirent les miennes… Et il me serra contre lui sans que je fisse un geste pour me dégager.

Le lendemain, il ne me laissa pas repartir.

Une vieille paysanne vint préparer notre repas. Longtemps, elle vaqua dans l’appartement, et je ne fus pas sans remarquer qu’elle me regardait méchamment.

Qui était-elle ? Cela m’importait peu !

Tout ce qui n’était pas le présent immédiat m’indifférait. Que des amis m’attendissent, s’inquiétassent, cela ne me vint pas même à l’idée. Que j’eusse à regretter ma folie, je n’y voulais pas songer !

La vie est trop avare de ces instants précieux où l’amour seul domine, pour ne pas en profiter.

Le soir, le musicien voulut reprendre son violon. Je ne sais pourquoi — jalousie ou jeu — je l’en empêchai. Il eut un regard triste, mais céda.

Trois jours, trois nuits entières, l’archet se tut.

Je m’en enorgueillissais à part moi comme d’une victoire.

Trois nuits avaient passé. C’était la quatrième. Je n’arrivais pas à trouver le sommeil. Je me levai, allai à la fenêtre.

Au loin brillaient les dernières lueurs du village que je ne connaissais pas encore.

Tout à coup, il me sembla voir des silhouettes serrées les unes près des autres.

C’étaient des femmes, je pus le constater bientôt.

J’ouvris la porte et me dirigeai vers elles. La lumière de la pièce m’éclairait, toute dorée dans ma robe prin-