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LA LOI DU SUD

unes sur les autres et qui prennent, à la lueur des phares, des aspects étranges.

— Nous sommes arrivés, dit Ameur.

Quelle merveilleuse prescience lui a fait découvrir, dans un repli de terrain, ce campement caché à tous les yeux ?

Trois tentes vertes et rouges sont posées sur le sol, comme de monstrueux champignons. Des chameaux barraquent, le regard perdu au loin, des moutons paissent une herbe maigre, enfouie dans le sable.

À notre approche, des hommes surgissent. Ce sont des nomades, des hommes de la piste, qui ne connaissent de la vie qu’une perpétuelle errance. Ils sont grands, bronzés, le visage rude sous le chèche blanc. Leurs yeux sont pleins d’infini… comme ceux des marins.

Une djellabah informe les engonce.

Ameur s’avance et les embrasse, à la manière arabe. Je tends la main et prononce, à mon tour, les salutations d’usage.

— Ici est ta maison, me dit Embarreck, le vieux chef, en soulevant un pan de la tente centrale, d’un geste plein de noblesse.

La cérémonie du thé s’accomplit rituellement, sous la tente où flotte un parfum mâle, agressif. Embarreck met lui-même le thé vert dans l’eau bouillante, le bouquet de menthe sauvage et le sucre qu’il casse avec un marteau d’argent bizarrement ciselé. Après avoir goûté le breuvage parfumé, il nous sert, honorant ainsi les hôtes qu’Allah lui envoie.

En quelques mots, Ameur le met au courant des événements.

— Vous resterez ici tant qu’il vous plaira, invite Ambarreck.

— Merci. Nous attendrons que la sécurité soit rétablie.

En notre honneur, les nomades égorgent un jeune