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ITINÉRAIRE DES CAPTIFS

Hélas ! ce fut la dernière fois que nous communiquâmes avec nos compatriotes, et que nous reçûmes des preuves de leur généreux et compatissant intérêt ! Nous touchions à l’heure fatale qui devait nous séparer du reste de l’univers.

Ce fut, si je ne me trompe, le 17 novembre qu’arriva à Zaslaw le courrier de Suwarow avec la nouvelle de l’assaut de Praga, de la capitulation de Varsovie et des horreurs que les Russes avaient commises de sang-froid dans ce malheureux faubourg de notre capitale. Le même courrier était encore porteur de dépêches et d’instructions secrètes par rapport à nous. Nous nous en doutâmes par les chuchotements de Titow et de ses officiers, par les allées et les venues entre eux et Chruszczew, et surtout par une conférence secrète qu’ils tinrent, pendant plus d’une heure, enfermés dans leur chambre. Nous n’en apprîmes autre chose, pour le moment, sinon que les généraux, officiers et soldats prisonniers, qui jusqu’à présent marchaient avec nous, devaient continuer leur route avec Chruszczew, et que le général Kosciuszko, le major Fischer et moi, sous la conduite de Titow, de quatre officiers, et d’une escorte de cavalerie qui devait se relayer en chemin, serions conduits, en poste, vers un autre endroit. On ne nous disait pas où, et nous nous perdions là-dessus en conjectures. Tantôt nous