Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
    103    

Elle est puissance, cette nouvelle vertu ; elle est une pensée régnante et autour de cette pensée une âme avisée : un soleil doré et autour de lui le serpent de la connaissance.

*
*           *


2.

Ici Zarathoustra se tut quelque temps et il regarda ses disciples avec amour. Puis il continua à parler ainsi — et sa voix s’était transformée.

Mes frères, restez fidèles à la terre, avec toute la puissance de votre vertu ! Que votre amour qui donne et votre connaissance servent le sens de la terre. Je vous en prie et vous en conjure.

Ne laissez pas votre vertu s’envoler des choses terrestres et battre des ailes contre des murs éternels ! Hélas, il y eut toujours tant de vertu égarée !

Ramenez, comme moi, la vertu égarée sur la terre — oui, ramenez-la vers le corps et vers la vie ; afin qu’elle donne un sens à la terre, un sens humain !

L’esprit et la vertu se sont égarés et mépris de mille façons différentes. Hélas, dans notre corps habite maintenant encore cette folie et cette méprise : elles sont devenues corps et volonté !

L’esprit et la vertu se sont tentés et égarés de mille façons différentes. Oui, l’homme était une tentative. Hélas, combien d’ignorances et d’erreurs se sont incorporées en nous !

Ce n’est pas seulement la raison des millénaires, c’est aussi leur folie qui éclate en nous. Il est dangereux d’être héritier.