trêmement. Avec des yeux épouvantables, il regarda ses disciples ; son regard pénétrait comme des flèches leurs pensées et leurs arrière-pensées. Mais au bout d’un moment, il recommença déjà à rire et il dit avec calme :
« Il est difficile de vivre parmi les hommes, parce qu’il est si difficile de se taire. Surtout pour un bavard. » —
Ainsi parla Zarathoustra. Mais le bossu avait écouté la conversation en se cachant le visage ; lorsqu’il entendit rire Zarathoustra, il éleva son regard avec curiosité et dit lentement :
« Pourquoi Zarathoustra nous parle-t-il autrement qu’à ses disciples ? »
Zarathoustra répondit : « Qu’y a-t-il là d’étonnant ? Avec des bossus on peut bien parler sur un ton biscornu ! »
« Bien ! dit le bossu ; et avec des élèves on peut faire le pion.
Mais pourquoi Zarathoustra parle-t-il autrement à ses disciples qu’à lui-même ? »
* *