Page:Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.djvu/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
    259    

Il y a longtemps que c’en est fini des dieux anciens : — et, en vérité, ils ont eu une bonne et joyeuse fin divine !

Ils ne passèrent pas par le « crépuscule » pour aller vers la mort, — c’est un mensonge de le dire ! Au contraire : ils se sont tués eux-mêmes à force de — rire !

Cela arriva lorsque la parole la plus impie fut prononcée par un dieu même, — la parole : « Il n’y a qu’un Dieu ! Tu n’auras point d’autres dieux devant ma face ! »

— une vieille barbe de dieu, un dieu, coléreux et jaloux, s’est oubliée ainsi : —

Alors tous les dieux se mirent à rire et en branlant sur leurs sièges, ils s’écrièrent  : « N’est-ce pas là précisément la divinité, qu’il y ait des dieux — qu’il n’y ait pas de Dieu ? »

Que celui qui a des oreilles pour entendre entende. —

Ainsi parlait Zarathoustra dans la ville qu’il aimait et qui est appelée la « Vache multicolore ». Car de là il n’avait plus que deux jours de marche pour retourner à sa caverne, auprès de ses animaux ; mais il avait l’âme sans cesse pleine d’allégresse de se savoir si près de son retour. —

*
*           *