« Malheur à nous ! gloire à nous ! le vent du dégel souffle ! » — Prêchez ainsi, mes frères, à travers toutes les rues.
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Il y a une vieille folie qui s’appelle bien et mal. La roue de cette folie a tourné jusqu’à présent autour des devins et des astrologues.
Jadis on croyait aux devins et aux astrologues ; et c’est pourquoi l’on croyait que tout était fatalité : tu dois, car il le faut !
Puis on se méfia de tous les devins et de tous les astrologues et c’est pourquoi l’on crut que tout était liberté : tu peux, car tu veux !
Ô mes frères ! sur les étoiles et sur l’avenir on n’a fait jusqu’à présent que des suppositions sans jamais savoir : et c’est pourquoi sur le bien et le mal on n’a fait que des suppositions sans jamais savoir !
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« Tu ne déroberas point ! Tu ne tueras point ! » Ces paroles étaient appelées saintes jadis : devant elles on courbait les genoux et la tête, et l’on ôtait ses souliers.
Mais je vous demande : où y eut-il jamais de meilleurs brigands et meilleurs assassins dans le monde, que ne l’étaient ces saintes paroles ?
N’y a-t-il pas dans la vie elle-même — le vol et l’assassinat ? Et, en sanctifiant ces paroles, n’a-t-on pas assassiné la vérité elle-même ?