Ô mes frères ! ce n’est pas en arrière que votre noblesse doit regarder, mais au dehors ! Vous devez être des expulsés de toutes les patries et de tous les pays de vos ancêtres !
Vous devez aimer le pays de vos enfants : que cet amour soit votre nouvelle noblesse, — le pays inexploré dans les mers lointaines, c’est lui que je dis à vos voiles de chercher et de chercher encore !
Vous devez racheter auprès de vos enfants d’être les enfants de vos pères : c’est ainsi que vous délivrerez tout le passé ! Je place au-dessus de vous cette table nouvelle !
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« Pourquoi vivre ? tout est vain ! Vivre — c’est battre de la paille ; vivre — c’est se brûler et ne pas arriver à se chauffer. » —
Ces bavardages vieillis passent encore pour de la « sagesse » ; ils sont vieux, ils sentent le renfermé, c’est pourquoi on les honore davantage. La pourriture, elle aussi, rend noble. —
Des enfants peuvent parler ainsi : ils craignent le feu puisqu’il les a brûlés ! Il y a beaucoup d’enfantillage dans les vieux livres de la sagesse.
Et celui qui bat toujours la paille comment aurait-il le droit de se moquer lorsqu’on bat le blé ! On devrait bâillonner de tels fous !
Ceux-là se mettent à table et n’apportent rien, pas même une bonne faim : — et maintenant ils blasphèment : « Tout est vain ! »