Vous, les hommes supérieurs, croyez-vous que je sois là pour refaire bien ce que vous avez mal fait?
Ou bien que je veuille dorénavant vous coucher plus commodément, vous qui souffrez ? Ou vous montrer, à vous qui êtes errants, égarés et perdus dans la montagne, des sentiers plus faciles ?
Non ! Non ! Trois fois non ! Il faut qu’il en périsse toujours plus et toujours des meilleurs de votre espèce, — car il faut que votre destinée soit de plus en plus mauvaise et de plus en plus dure. Car c’est ainsi seulement —
— ainsi seulement que l’homme grandit vers la hauteur, là où la foudre le frappe et le brise : assez haut pour la foudre !
Mon esprit et mon désir sont portés vers le petit nombre, vers les choses longues et lointaines : que m’importerait votre misère petite, commune et brève !
Pour moi vous ne souffrez pas encore assez ! Car c’est de vous que vous souffrez, vous n’avez pas encore souffert de l’homme. Vous mentiriez si vous disiez le contraire ! Vous tous, vous ne souffrez pas de ce que j’ai souffert. —
* *
Il ne me suffit pas que la foudre ne nuise plus. Je ne veux point la faire dévier, je veux qu’elle apprenne à travailler — pour moi —
Ma sagesse s’amasse depuis longtemps comme un nuage, elle devient toujours plus tranquille et plus sombre. Ainsi fait toute sagesse qui doit un jour engendrer la foudre. —