ce qui n’a pas encore été hasardé, — le courage, voilà ce qui me semble toute la préhistoire de l’homme.
Il a eu envie de toutes les vertus des bêtes les plus sauvages et les plus courageuses, et il les leur a arrachées : ce n’est qu’ainsi qu’il est devenu — homme.
Ce courage, enfin affiné, enfin spiritualisé, ce courage humain, avec les ailes de l’aigle et la ruse du serpent : ce courage, me semble-t-il, s’appelle aujourd’hui — »
« Zarathoustra » s’écrièrent tous ceux qui étaient réunis, comme d’une seule voix, en partant d’un grand éclat de rire ; mais quelque chose s’éleva d’eux qui ressemblait à un nuage noir. L’enchanteur, lui aussi, se mit à rire et il dit d’un ton rusé : « Eh bien ! il s’en est allé mon mauvais esprit !
Et ne vous ai-je pas moi-même mis en défiance contre lui, lorsque je disais qu’il est un imposteur, un esprit de mensonge et de tromperie ?
Surtout quand il se montre nu. Mais que puis-je faire à ses malices, moi ! Est-ce moi qui l’ai créé et qui ai créé le monde ?
Eh bien ! soyons de nouveau bons et de bonne humeur ! Et quoique Zarathoustra ait le regard sombre — regardez-le donc ! il m’en veut — :
— avant que la nuit ne soit venue il apprendra de nouveau à m’aimer et à me louer, il ne peut pas vivre longtemps sans faire de pareilles folies.
Celui-ci — aime ses ennemis : c’est lui qui connaît le mieux cet art, parmi tous ceux que j’ai rencontrés. Mais il s’en venge — sur ses amis ! »