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AINSI PARLAIT ZARATHOUSTRA

devant l’ardeur ensoleillée de la sagesse où le Surhumain baigne la joie de sa nudité !

Vous autres hommes supérieurs que mon regard a rencontrés ! ceci est mon doute sur vous et mon secret : je devine que vous traiteriez mon Surhumain de — démon !

Hélas ! je me suis fatigué de ces hommes supérieurs, je suis fatigué des meilleurs d’entre eux : j’ai le désir de monter de leur « hauteur », toujours plus haut, loin d’eux, vers le Surhumain !

Un frisson m’a pris lorsque je vis nus les meilleurs d’entre eux : alors des ailes m’ont poussé pour planer ailleurs dans des avenirs lointains.

Dans des avenirs plus lointains, dans des midis plus méridionaux que jamais artiste n’en a rêvés : là-bas où les dieux ont honte de tous les vêtements !

Mais je veux vous voir travestis, vous, ô hommes, mes frères et mes prochains, et bien parés, et vaniteux, et dignes, vous les « bons et justes ». —

Et je veux être assis parmi vous, travesti moi-même, afin de vous méconnaître et de me méconnaître moi-même : car ceci est ma dernière sagesse humaine. —

Ainsi parlait Zarathoustra.