Page:Nietzsche - Considérations Inactuelles, II.djvu/139

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contraires, deux sphères dissemblables. En bas bouillonne une volonté ardente, avide de domination, faite V · de brusques jaillissements, qui cherche à se faire jour par toutes les voies, toutes les crevasses, toutes iivi les cavités. Seule une force absolument pure et libre était capable de désigner à cette volonté la voie qui mène à tout ce qui est bon et bienfaisant. Associés a un esprit étroit, les désirs tyranniques et illimités d’une telle volonté auraient pu devenir néfastes ; il, g’ était nécessaire, en tous cas, qu’une issue libre fût ’ promptement trouvée, que l’air clair et le soleil vinssent la baigner. Une puissante aspiration qui chaque jour’fQ : se rend compte de son impuissance tourne à la méchanceté. Uinsuffisance des efforts peut parfois tenir aux A circonstances, ià Pinllexibilité du sort, et non au manque de force ; mais celui qui ne peut renoncer à son aspiration, malgré l’insuffisance de ces eEorts, s’ulcère en quelque sorte et devient par conséquent ir- » vn ritable et injuste. Il lui arrivera peut-être de chercher chez les autres les causes de son insuccès ou même ; dans un accès de haine passionnée, d’accabler de re- v proches le monde tout entier ; peut-être aussi sajiertê blessée choisira-t-elle des chemins isolés ou’s’adonnera-t-elle à la violence. Et c’est ainsi que des natures ani-Ãmées dewbonnes intention peuvent se corrompre sur le pi chemin même du bien. Parmi ceux-là mêmes qui ne’vî recherchaient que leur propre purification morale, parmi les crmites et les moines, on trouve de ces malheureux qui, pour avoir échoué dans leurs efforts, sont’devenus des êtres corrompus, profondément malades, minés et rongés par’l’insuccès. C’était un esprit plein