Page:Nietzsche - Considérations Inactuelles, II.djvu/85

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d’habitude et qu’elle ne dit généralement la vérité que quand il s’agitde choses simples ou indifférentes, car il y alà une certaine paresse à vouloir dire plutôtla vérité -A·’ qu’à la taire. Tout. ce qui est nouveau’exigeant un changement de point de vue, Vhonnêteté vénère, autant que l, €, cela est possible, l’opinion ancienne- et elle reproche, à celui qui défend la nouveauté, son manque de jugement. y La doctrine de Copernic a certainement rencontré des l’opposition parce qu’elle avait l’évidence. et l’habitude contre elle. La haine de la philosophie, qui se l’e¤¤0û¤’¢ souvent chez les savants, est avant tout une haine des J çi syllogismes et des démonstrations artificielles. On peut - *’· même dire qu’au fond chaque génération de savants possède sans le vouloir une mesure déterminée de perspicacité permise ; tout ce qui dépasse cette mesure est miscn doute et presque considéré comme un argument à invoquer contre l’honnêteté. ’

En deuxième lieu, un regard pénétrant pour tout ce qui se trouve dans le proche voisinage, allié à la plus " grande myopie quand il s’agit de juger ce qui est lointain et d’ordre général. Le champ visuel du savant est généralement très étroit et pour apercevoir les objets il faut qu’il s’enl approche de très près. S’il veut passer d’un point’qu’il vient d’étudier à, un autre, il est obligé ’ de déplacer tout son appareil visuel vers ce point. Il découpe l’image en une série de taches, comme quelqu’un qui, au théâtre, se sert d’une lorgnette pour voir la scène et dont le regard embrasse tour à tour uneltète, le morceau d’un vêtement, mais sans parvenir à regarder l’ensemble. Ces taches différentes, il ne les voit jamais réunies et il’se voit dans l’obligation d’ini’érer au