Page:Nietzsche - Considérations inactuelles, I.djvu/68

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d’une théodicée et qui peut, par exemple, considérer toute l’existence de l’homme comme la punition d’une faute ou comme un état d’épuration. En cet endroit et en face de cette difficulté, Strauss hasarde même une fois une hypothèse métaphysique, la plus sèche et la plus boiteuse qu’il soit, simple parodie involontaire d’une parole de Lessing. « Lessing, est-il écrit p. 219, Lessing disait que si Dieu tenait dans sa main droite toute la vérité, et dans sa main gauche le seul désir toujours vivace d’atteindre la vérité, bien que l’erreur perpétuelle en fût la condition, si Dieu lui laissait le choix entre les deux alternatives, il le prierait humblement de lui accorder le contenu de la main gauche. — Cette parole de Lessing a, de tous temps, été considérée comme une des plus belles qu’il nous ait laissées. On y a trouvé l’expression géniale de son infatigable joie de chercheur, de son besoin d’activité perpétuelle. Elle a toujours fait sur moi une impression toute particulière, parce que, derrière sa signification subjective, je devinais une signification objective d’une portée infinie. Car ne contient-elle pas la meilleure réponse au grossier langage de Schopenhauer qui parle du Dieu mal conseillé qui ne sut rien faire de mieux que de descendre sur cette terre misérable ? Que serait-ce, si le créateur lui-même avait été de l’avis de Lessing, s’il avait préféré la lutte à la tranquille possession ? » Vraiment ! un Dieu qui choisirait l’erreur perpétuelle, accompagnée du