Page:Nietzsche - Considérations inactuelles, I.djvu/89

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frappant de voir quels procédés artificiels emploie notre auteur pour arriver à la conviction qu’il possède encore une foi et une religion. Il se sert de piqûres et de coups comme nous avons pu voir. Comme la voilà pauvre et faible, cette foi qui résulte d’une stimulation ! On grelotte rien qu’à la regarder.

Strauss, après avoir promis, dans le schéma de son introduction, de faire une comparaison entre la nouvelle foi et la foi de l’ancien temps, pour voir si la nouvelle rend à ses croyants les mêmes services que l’ancienne, finit par s’apercevoir lui-même qu’il avait beaucoup trop promis. Car la dernière question, celle qui examine s’il y a service égal, meilleure, ou plus mauvaise part, est élucidée finalement d’une façon tout à fait accessoire en quelques pages et avec une hâte craintive (pp. 366 et suivantes). Une fois même Strauss se tire d’embarras en affirmant que « celui qui, dans ce cas, ne sait pas se tirer d’affaire lui-même, personne ne le tirera d’affaire et il faut croire qu’il n’est pas encore mûr pour adopter notre point de vue » (p. 366). Voyez avec quel acharnement dans sa conviction le stoïcien antique croit, par contre, en l’univers et en la raison de l’univers ! Et, si on la considère ainsi, sous quelle lumière apparaîtra la prétention à l’originalité que Strauss revendique pour sa doctrine ? Mais, qu’elle soit neuve ou ancienne, originale ou imitée, peu importerait,