nous donnerait à tous la plus fâcheuse désillusion.
Ce n’est pas le monde comme chose en soi, mais le monde comme représentation (comme erreur), qui
est si riche de sens, si profond, si merveilleux, portant dans son sein bonheur et malheur. Ce résultat
conduit à une philosophie de négation logique du monde : laquelle du reste peut s’unir aussi bien à
une affirmation pratique du monde qu’à son contraire.
Mauvaises habitudes de raisonnement. — Les conclusions erronées les plus habituelles à l’homme sont celles-ci : une chose existe, elle a une légitimité. En ce cas l’on infère de la capacité de vivre à l’adaptation à une fin, de l’adaptation à une fin à sa légitimité. Ensuite : une opinion est bienfaisante, donc elle est vraie ; l’effet en est bon, donc elle est elle-même bonne et vraie. En ce cas l’on applique à l’effet le prédicat : bienfaisant, bon, au sens d’utile, et l’on dote alors la cause du même prédicat : bon, mais ici au sens de valable logiquement. La réciproque de ces propositions est : une chose ne peut pas s’imposer, se maintenir, donc elle est injuste ; une opinion tourmente, excite, donc elle est fausse. L’esprit libre, qui n’apprend à connaître que trop fréquemment ce qu’a de vicieux cette façon de raisonner et à souffrir de ses conséquences, cède sou-