rechercher d’un air de doute les motifs de leurs
actions, ce n’est pas, il est vrai, la vérité, mais la
bonne marche de la société humaine qui y trouve
son compte : l’erreur psychologique, et généralement
la grossièreté en ces matières, aide l’humanité à
aller en avant, tandis que la connaissance de la
vérité gagne toujours de plus en plus par la force
excitante d’une hypothèse que La Rochefoucauld exposait ainsi dans la première édition de ses
Sentences et maximes morales : « Ce que le monde nomme vertu n’est d’ordinaire qu’un fantôme formé par nos passions, à qui on donne un nom honnête pour faire impunément ce qu’on veut. » La Rochefoucauld et les autres maîtres français en
l’examen des âmes ( auxquels s’est récemment adjoint
encore un Allemand, l’auteur des Observations psychologiques[1], ressemblent à d’adroits tireurs,
qui mettent toujours et toujours dans le noir, — mais dans le noir de la nature humaine. Leur art
excite l’étonnement, mais enfin un spectateur qui
n’est pas conduit par l’esprit scientifique, mais par
un dessein de philanthropie, maudit un art qui
semble implanter dans les âmes le goût du rabaissement et de la suspicion de l’homme.
Quand même. — Quoi qu’il en soit du compte et
- ↑ Le Dr Paul Rée.