Page:Nietzsche - Humain, trop humain (2ème partie).djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
230
HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

l’homme il faut avoir trouvé la lanterne. — Sera-ce nécessairement la lanterne du cynique ?

19.

Immoralistes. — Il faut maintenant que les moralistes consentent à se laisser traiter d’immoralistes, parce qu’ils dissèquent la morale. Cependant celui qui veut disséquer est forcé de tuer : mais seulement pour que l’on puisse mieux connaître et juger, et aussi vivre mieux ; non point pour que le monde entier se mette à disséquer. Malheureusement les hommes s’imaginent encore que le moraliste doit être, par tous les actes de sa vie, un modèle que ses semblables doivent imiter : ils le confondent avec le prédicateur de la morale. Les moralistes d’autrefois ne disséquaient pas assez et prêchaient trop souvent : de là vient cette confusion et cette conséquence désagréable pour les moralistes d’aujourd’hui.

20.

Ne pas confondre. — Les moralistes qui traitent des sentiments grandioses, puissants et désintéressés, par exemple chez les héros de Plutarque, ou bien de l’état d’âme pur, illuminé, ardent chez les êtres vraiment bons, comme on traiterait un sévère problème de la connaissance et qui rechercheraient l’origine de ces sentiments et de ces états d’âme, en montrant ce qu’il y a de compliqué dans une apparente simplicité, en envisageant l’enchevêtrement des motifs, à quoi se mêle le fil ténu des illusions idéales et des sensations individuelles et